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HISTORIQUE de l'Aéro-Club de France

Accueil » De 1898 à nos jours » Historique

C’est avec les premiers temps de la généralisation de l’aérostation, dans le dernier quart du XIXe siècle, que des esprits pionniers envisagent d’organiser l’occupation du ciel. Une institution chargée d’encourager plus largement « la locomotion aérienne » est évoquée. À l’origine, cette association est également pensée pour accompagner les évolutions techniques, les suivre et les certifier par une homologation officielle. « L’Aéro-Club » est alors fondé par des passionnés, tous membres de l’Automobile Club de France et conscients de l’importance de cette aéronautique naissante. Le 20 octobre 1898, ils sont cinquante-deux cosignataires de la création de cette « société d’encouragement à la locomotion aérienne, sous toutes ses formes et dans toutes ses applications ». Les principaux fondateurs que l’histoire retient ont marqué l’histoire des deux cercles parisiens : l’avocat et mécène Ernest Archdeacon, l’aérostier brésilien Alberto Santos-Dumont, l’industriel de la chimie et du pétrole Henry Deutsch de la Meurthe, l’industriel et pilote Léon Serpollet – qui détient le brevet de conduite automobile n°1 -, le comte Henri de la Valette, l’aéronaute et explorateur Henry de la Vaux, et surtout le pionnier de l’industrie automobile Jules-Albert de Dion, qui est le premier président de l’Aéro-Club de France jusqu’en 1905. 

Le développement de l’Aéro-Club va aller de pair avec les avancées de l’aérostation – les ballons – et de l’aéronautique – les avions. Après un an d’existence, l’institution dépasse la centaine de membres. Le 9 janvier 1899, elle est officiellement reconnue par le préfet de police de Paris, Charles Blanc. Naturellement, son premier siège social est dans les locaux de l’Automobile Club de France, au 6 place de la Concorde dans le 8e arrondissement de la capitale [photo #2]. En 1901, alors que l’association compte 410 membres, elle organise un parc à ballons [photo #3] pour ses membres, avec des hangars, des machines de gonflement et des ateliers de réparation sur des terrains acquis dans les coteaux de Saint-Cloud. Le lieu permet de faire de la compétition et de proposer des baptêmes de l’air avec des ballons sphériques gonflés à l’hydrogène ou au gaz de ville. Une revue destinée aux membres fait son apparition sous le nom de L’Aérophile [photo #4], qui deviendra ensuite Aérofrance. Des commissions sont montées pour soutenir les diverses activités de l’Aéro-Club : la documentation technique et sportive, les records, l’attribution des brevets de pilotes d’aérostats [photo #5] – et par la suite des pilotes d’avion -, les plus légers que l’air ou encore les plus lourds que l’air !

La partie compétitive installe avec succès l’existence de l’Aéro-Club de France dans la première décennie du XXe siècle. En 1901, la célèbre coupe Deutsch de la Meurthe est créée pour les aérostiers, avec le Grand Prix de l’Aéro-Club de France, doté de 100.000 Francs pour le premier « navigateur aérien » capable de partir de Saint-Cloud, de contourner la Tour Eiffel et de revenir à son point de départ en moins de trente minutes ! En 1906, la coupe Gordon Bennett [Photo #6 et #7], organisée par l’Aéro-Club de France, s’inscrit comme la première compétition aéronautique internationale, mais également automobile et aérostatique. En 1909, l’Aéro-Club de France compte 1.300 membres ! Cette même année, il est reconnu d’utilité publique par un décret présidentiel du 20 avril. « Plus haut, plus vite, plus loin » devient la devise de l’institution, devise qui sera adoptée par la Fédération Aéronautique Internationale (FAI) [Photo #8] qui a vu le jour en 1905.

L’évolution technologique intéresse également les instances de l’Aéro-Club de France qui nomme des commissaires chargés d’homologuer les records ; c’est la première et unique institution qui lance cette pratique et qui récompense les exploits par des sommes d’argent et une médaille commémorative. En 1909, des règlements sont mis en place et les premiers brevets de pilote sont décernés : Louis Blériot reçoit ainsi le brevet n°1, Henri Farman est le n°5, Alberto Santos-Dumont est le n°12, précédant les américains Orville et Wilbur Wright, respectivement n°14 et n°15 – par superstition, il n’y a pas de brevet n°13 ! 17 brevets sont délivrés en 1909, plus de 200 l’année suivante.

Mais en 1914, l’entrée en guerre bouleverse l’activité de l’Aéro-Club de France. Les meetings sont annulés, les appareils réquisitionnés ou interdits de vol, les membres pilotes sont mobilisés. Beaucoup ne reviennent pas de la guerre et la Caisse de Secours créée en 1911 par l’Aéro-Club de France joue pleinement son rôle dans l’aide aux familles touchées par le conflit. L’organisation d’une aviation militaire qui s’apparente à une arme à part entière en 1918 et la création progressive d’une aviation civile et commerciale après 1919 sont des freins à la renaissance de l’Aéro-Club de France. L’institution n’est plus incontournable dans le paysage aéronautique français. L’attribution des brevets de pilote est d’ailleurs reprise par les autorités aéronautiques de l’État en 1921, autorités qui valident cependant les 18.688 brevets accordés par l’Aéro-Club de France depuis 1909 !

L’entre-deux guerres est un temps d’installation de l’Aéro-Club de France sur des projets aériens nationaux et internationaux : on évoque un tour de France aérien, des grands raids et des traversées océaniques. En 1921, le « Comité français de propagande aéronautique » est ainsi porté par l’Aéro-Club de France, afin de faire « pénétrer l’aviation dans la vie normale du pays ». Les épreuves sportives sont relancées, ainsi que le tourisme aérien, avec l’appui de grands industriels comme André Michelin. C’est une période où il est aussi de bon ton d’être membre de l’Aéro-Club de France si l’on est pilote et de participer au nombreux déjeuners, dîners et honneurs rendus aux pionniers et aux hommes politiques soutenant l’aérien. Entre 1898 et 1929, l’Aéro-Club de France occupe successivement plusieurs immeubles parisiens, avant de s’installer définitivement en 1931 dans un hôtel particulier au 6 de la rue Galilée dans le 16e arrondissement parisien. Dans ses nouveaux salons, le tout-Paris se presse et l’on rend les honneurs aux plus grands pionniers de l’aviation. En 1928, l’Aéro-Club de France, cercle parisien en avance sur son temps car déjà ouvert aux femmes pilotes depuis sa création, créé une section féminine dont la première présidente est Suzanne Deutsch de la Meurthe.

Avec le développement de la poste aérienne, l’Aéro-Club de France accompagne également les manifestations par l’émission de cartes aéropostales, comme lors des journées nationales de l’aviation de Vincennes (19-20 mai 1929 et 8-9 juin 1930). En novembre 1930, lors de la première exposition internationale de poste aérienne au pavillon de Marsan à Paris, l’Aéro-Club de France organise une liaison aérienne rapide Paris-Bruxelles-Paris dans la journée, en collaboration avec l’Aéro-Club de Belgique.

Le second conflit mondial est de nouveau une période de repli pour l’Aéro-Club de France qui refuse toute présence allemande dans ses locaux. Les activités aériennes sont interdites par l’occupant…sauf l’aéromodélisme ! L’institution devient un lieu d’accueil et de réconfort pour les blessés et les prisonniers. La Libération ouvre sur la reconstruction de l’aéronautique française, à laquelle l’Aéro-Club de France participe. Mais après 1945, l’ambition des hommes se tourne vers le cosmos. Une nouvelle fois, l’Aéro-Club de France soutient et accompagne les innovations technologiques par sa commission astronautique, déléguée par la FAI comme « juge unique mondial des records spatiaux ». Recentré sur la préservation et la valorisation du patrimoine, l’Aéro-Club de France conserve ses dernières décennies son image de pionnier historique de l’aviation, mais revendique, par les parcours professionnels de ses membres, une expertise dans le domaine technologique.

En 2018, sous la présidence de la double championne du monde de voltige aérienne Catherine Maunoury, première femme présidente de l’Aéro-Club de France depuis sa création, l’institution continue d’être garante de la transmission d’un patrimoine de liberté et de fraternité autour de l’aérien. Son action s’appuie sur quatorze commissions œuvrant notamment dans les domaines du patrimoine, de l’histoire, des arts et des lettres, de l’humanitaire, des meetings ou encore du handicap. Grâce à son rayonnement international, l’Aéro-Club de France collabore à l’homologation de records internationaux, soutient la formation des Cadets de l’air issus de dix-neuf pays et participe à de nombreux projets et initiatives innovantes dans le domaine aéronautique pour permettre – toujours – d’aller plus haut, plus vite et plus loin. Une entrée réussie… dans le XXIe siècle !

Le siège de l’Aéro-Club de France

L’Aéro-Club de France est aujourd’hui situé au 6 rue Galilée, à deux pas des Champs Élysées et de l’Arc de Triomphe. Avant de s’y installer, l’Aéro-Club de France était hébergé à sa création en 1898 à l’Automobile Club de France, place de la Concorde dans le 8e arrondissement de Paris. L’Aéro-Club de France déménage ensuite mais reste dans cet arrondissement, s’installant notamment au 48 rue du Colisée (1900-1902), au 84 rue du Faubourg Saint Honoré (1902-1908), au 63 avenue des Champs Élysées (1908-1909), puis au 35 rue François Ier (1910-1931). En 1931, l’Aéro-Club s’installe rue Galilée, dans le 16e arrondissement, dans un hôtel particulier.

Construit en 1880, l’immeuble appartenait à la famille Desfossés, dont le patriarche, Victor Desfossés, était banquier et patron de presse. Il est à l’origine de l’aménagement du grand salon – aujourd’hui salon Dorand – en théâtre à l’italienne, pour sa fille qui souhaitait devenir actrice. Mécène de Gustave Courbet, le tableau « Atelier du peintre » aurait servi de toile de fond pour le théâtre amateur installé dans l’hôtel. En 1929, le bâtiment est acheté pour héberger le secrétariat de l’association puis les différentes commissions, avant que l’Aéro-Club de France ne vienne définitivement s’y installer deux ans plus tard. Le lieu ne présente évidemment pas les mêmes caractéristiques aujourd’hui ; il a été successivement aménagé selon les souhaits des différents présidents et les projets d’embellissement. Les quelques photos anciennes de la façade montrent que le site présentait les caractéristiques traditionnelles d’un hôtel particulier construit à la fin du XIXe siècle, avec une façade développée dans le style des immeubles de style Haussmannien et un porche débouchant sur la cour d’honneur pavée encore conservée aujourd’hui. Ce n’est qu’au milieu du XXe siècle qu’est ajouté la grande terrasse, visible depuis la rue Galilée. Elle donne sur les salons Dassault et La Vaulx et une partie du salon Dorand.

En 2019, l’Aéro-Club de France dispose de bureaux dans cet hôtel particulier, y possède son secrétariat, le bureau de la présidence et la salle du Conseil d’administration qui est également le lieu de réunion des commissions. Ses salons, régulièrement occupés par des activités liées à l’Aéro-Club de France, sont confiés à Sodexo Prestige qui en assure la gestion.

Laurent Albaret, Secrétaire Général de l’Aéro-Club de France

Historique

C’est avec les premiers temps de la généralisation de l’aérostation, dans le dernier quart du XIXe siècle, que des esprits pionniers envisagent d’organiser l’occupation du ciel. Une institution chargée d’encourager plus largement « la locomotion aérienne » est évoquée. À l’origine, cette association est également pensée pour accompagner les évolutions techniques, les suivre et les certifier par une homologation officielle. « L’Aéro-Club » est alors fondé par des passionnés, tous membres de l’Automobile Club de France et conscients de l’importance de cette aéronautique naissante. Le 20 octobre 1898, ils sont cinquante-deux cosignataires de la création de cette « société d’encouragement à la locomotion aérienne, sous toutes ses formes et dans toutes ses applications ». Les principaux fondateurs que l’histoire retient ont marqué l’histoire des deux cercles parisiens : l’avocat et mécène Ernest Archdeacon, l’aérostier brésilien Alberto Santos-Dumont, l’industriel de la chimie et du pétrole Henry Deutsch de la Meurthe, l’industriel et pilote Léon Serpollet – qui détient le brevet de conduite automobile n°1 -, le comte Henri de la Valette, l’aéronaute et explorateur Henry de la Vaux, et surtout le pionnier de l’industrie automobile Jules-Albert de Dion, qui est le premier président de l’Aéro-Club de France jusqu’en 1905. 

Le développement de l’Aéro-Club va aller de pair avec les avancées de l’aérostation – les ballons – et de l’aéronautique – les avions. Après un an d’existence, l’institution dépasse la centaine de membres. Le 9 janvier 1899, elle est officiellement reconnue par le préfet de police de Paris, Charles Blanc. Naturellement, son premier siège social est dans les locaux de l’Automobile Club de France, au 6 place de la Concorde dans le 8e arrondissement de la capitale. En 1901, alors que l’association compte 410 membres, elle organise un parc à ballons pour ses membres, avec des hangars, des machines de gonflement et des ateliers de réparation sur des terrains acquis dans les coteaux de Saint-Cloud. Le lieu permet de faire de la compétition et de proposer des baptêmes de l’air avec des ballons sphériques gonflés à l’hydrogène ou au gaz de ville. Une revue destinée aux membres fait son apparition sous le nom de L’Aérophile, qui deviendra ensuite Aérofrance. Des commissions sont montées pour soutenir les diverses activités de l’Aéro-Club : la documentation technique et sportive, les records, l’attribution des brevets de pilotes d’aérostats – et par la suite des pilotes d’avion -, les plus légers que l’air ou encore les plus lourds que l’air !

La partie compétitive installe avec succès l’existence de l’Aéro-Club de France dans la première décennie du XXe siècle. En 1901, la célèbre coupe Deutsch de la Meurthe est créée pour les aérostiers, avec le Grand Prix de l’Aéro-Club de France, doté de 100.000 Francs pour le premier « navigateur aérien » capable de partir de Saint-Cloud, de contourner la Tour Eiffel et de revenir à son point de départ en moins de trente minutes ! En 1906, la coupe Gordon Bennett, organisée par l’Aéro-Club de France, s’inscrit comme la première compétition aéronautique internationale, mais également automobile et aérostatique. En 1909, l’Aéro-Club de France compte 1.300 membres ! Cette même année, il est reconnu d’utilité publique par un décret présidentiel du 20 avril. « Plus haut, plus vite, plus loin » devient la devise de l’institution, devise qui sera adoptée par la Fédération Aéronautique Internationale (FAI) qui a vu le jour en 1905.

L’évolution technologique intéresse également les instances de l’Aéro-Club de France qui nomme des commissaires chargés d’homologuer les records ; c’est la première et unique institution qui lance cette pratique et qui récompense les exploits par des sommes d’argent et une médaille commémorative. En 1909, des règlements sont mis en place et les premiers brevets de pilote sont décernés : Louis Blériot reçoit ainsi le brevet n°1, Henri Farman est le n°5, Alberto Santos-Dumont est le n°12, précédant les américains Orville et Wilbur Wright, respectivement n°14 et n°15 – par superstition, il n’y a pas de brevet n°13 ! 17 brevets sont délivrés en 1909, plus de 200 l’année suivante.

Mais en 1914, l’entrée en guerre bouleverse l’activité de l’Aéro-Club de France. Les meetings sont annulés, les appareils réquisitionnés ou interdits de vol, les membres pilotes sont mobilisés. Beaucoup ne reviennent pas de la guerre et la Caisse de Secours créée en 1911 par l’Aéro-Club de France joue pleinement son rôle dans l’aide aux familles touchées par le conflit. L’organisation d’une aviation militaire qui s’apparente à une arme à part entière en 1918 et la création progressive d’une aviation civile et commerciale après 1919 sont des freins à la renaissance de l’Aéro-Club de France. L’institution n’est plus incontournable dans le paysage aéronautique français. L’attribution des brevets de pilote est d’ailleurs reprise par les autorités aéronautiques de l’État en 1921, autorités qui valident cependant les 18.688 brevets accordés par l’Aéro-Club de France depuis 1909 !

L’entre-deux guerres est un temps d’installation de l’Aéro-Club de France sur des projets aériens nationaux et internationaux : on évoque un tour de France aérien, des grands raids et des traversées océaniques. En 1921, le « Comité français de propagande aéronautique » est ainsi porté par l’Aéro-Club de France, afin de faire « pénétrer l’aviation dans la vie normale du pays ». Les épreuves sportives sont relancées, ainsi que le tourisme aérien, avec l’appui de grands industriels comme André Michelin. C’est une période où il est aussi de bon ton d’être membre de l’Aéro-Club de France si l’on est pilote et de participer au nombreux déjeuners, dîners et honneurs rendus aux pionniers et aux hommes politiques soutenant l’aérien. Entre 1898 et 1929, l’Aéro-Club de France occupe successivement plusieurs immeubles parisiens, avant de s’installer définitivement en 1931 dans un hôtel particulier au 6 de la rue Galilée dans le 16e arrondissement parisien. Dans ses nouveaux salons, le tout-Paris se presse et l’on rend les honneurs aux plus grands pionniers de l’aviation. En 1928, l’Aéro-Club de France, cercle parisien en avance sur son temps car déjà ouvert aux femmes pilotes depuis sa création, créé une section féminine dont la première présidente est Suzanne Deutsch de la Meurthe.

Avec le développement de la poste aérienne, l’Aéro-Club de France accompagne également les manifestations par l’émission de cartes aéropostales, comme lors des journées nationales de l’aviation de Vincennes (19-20 mai 1929 et 8-9 juin 1930). En novembre 1930, lors de la première exposition internationale de poste aérienne au pavillon de Marsan à Paris, l’Aéro-Club de France organise une liaison aérienne rapide Paris-Bruxelles-Paris dans la journée, en collaboration avec l’Aéro-Club de Belgique.

Le second conflit mondial est de nouveau une période de repli pour l’Aéro-Club de France qui refuse toute présence allemande dans ses locaux. Les activités aériennes sont interdites par l’occupant…sauf l’aéromodélisme ! L’institution devient un lieu d’accueil et de réconfort pour les blessés et les prisonniers. La Libération ouvre sur la reconstruction de l’aéronautique française, à laquelle l’Aéro-Club de France participe. Mais après 1945, l’ambition des hommes se tourne vers le cosmos. Une nouvelle fois, l’Aéro-Club de France soutient et accompagne les innovations technologiques par sa commission astronautique, déléguée par la FAI comme « juge unique mondial des records spatiaux ». Recentré sur la préservation et la valorisation du patrimoine, l’Aéro-Club de France conserve ses dernières décennies son image de pionnier historique de l’aviation, mais revendique, par les parcours professionnels de ses membres, une expertise dans le domaine technologique.

En 2018, sous la présidence de la double championne du monde de voltige aérienne Catherine Maunoury, première femme présidente de l’Aéro-Club de France depuis sa création, l’institution continue d’être garante de la transmission d’un patrimoine de liberté et de fraternité autour de l’aérien. Son action s’appuie sur quatorze commissions œuvrant notamment dans les domaines du patrimoine, de l’histoire, des arts et des lettres, de l’humanitaire, des meetings ou encore du handicap. Grâce à son rayonnement international, l’Aéro-Club de France collabore à l’homologation de records internationaux, soutient la formation des Cadets de l’air issus de dix-neuf pays et participe à de nombreux projets et initiatives innovantes dans le domaine aéronautique pour permettre – toujours – d’aller plus haut, plus vite et plus loin. Une entrée réussie… dans le XXIe siècle !

Le siège de l’Aéro-Club de France

L’Aéro-Club de France est aujourd’hui situé au 6 rue Galilée, à deux pas des Champs Élysées et de l’Arc de Triomphe. Avant de s’y installer, l’Aéro-Club de France était hébergé à sa création en 1898 à l’Automobile Club de France, place de la Concorde dans le 8e arrondissement de Paris. L’Aéro-Club de France déménage ensuite mais reste dans cet arrondissement, s’installant notamment au 48 rue du Colisée (1900-1902), au 84 rue du Faubourg Saint Honoré (1902-1908), au 63 avenue des Champs Élysées (1908-1909), puis au 35 rue François Ier (1910-1931). En 1931, l’Aéro-Club s’installe rue Galilée, dans le 16e arrondissement, dans un hôtel particulier.

Construit en 1880, l’immeuble appartenait à la famille Desfossés, dont le patriarche, Victor Desfossés, était banquier et patron de presse. Il est à l’origine de l’aménagement du grand salon – aujourd’hui salon Dorand – en théâtre à l’italienne, pour sa fille qui souhaitait devenir actrice. Mécène de Gustave Courbet, le tableau « Atelier du peintre » aurait servi de toile de fond pour le théâtre amateur installé dans l’hôtel. En 1929, le bâtiment est acheté pour héberger le secrétariat de l’association puis les différentes commissions, avant que l’Aéro-Club de France ne vienne définitivement s’y installer deux ans plus tard. Le lieu ne présente évidemment pas les mêmes caractéristiques aujourd’hui ; il a été successivement aménagé selon les souhaits des différents présidents et les projets d’embellissement. Les quelques photos anciennes de la façade montrent que le site présentait les caractéristiques traditionnelles d’un hôtel particulier construit à la fin du XIXe siècle, avec une façade développée dans le style des immeubles de style Haussmannien et un porche débouchant sur la cour d’honneur pavée encore conservée aujourd’hui. Ce n’est qu’au milieu du XXe siècle qu’est ajouté la grande terrasse, visible depuis la rue Galilée. Elle donne sur les salons Dassault et La Vaulx et une partie du salon Dorand.

En 2019, l’Aéro-Club de France dispose de bureaux dans cet hôtel particulier, y possède son secrétariat, le bureau de la présidence et la salle du Conseil d’administration qui est également le lieu de réunion des commissions. Ses salons, régulièrement occupés par des activités liées à l’Aéro-Club de France, sont confiés à Sodexo Prestige qui en assure la gestion.

Laurent Albaret, Secrétaire Général de l’Aéro-Club de France

Historique

C’est avec les premiers temps de la généralisation de l’aérostation, dans le dernier quart du XIXe siècle, que des esprits pionniers envisagent d’organiser l’occupation du ciel. Une institution chargée d’encourager plus largement « la locomotion aérienne » est évoquée. À l’origine, cette association est également pensée pour accompagner les évolutions techniques, les suivre et les certifier par une homologation officielle. « L’Aéro-Club » est alors fondé par des passionnés, tous membres de l’Automobile Club de France et conscients de l’importance de cette aéronautique naissante. Le 20 octobre 1898, ils sont cinquante-deux cosignataires de la création de cette « société d’encouragement à la locomotion aérienne, sous toutes ses formes et dans toutes ses applications ». Les principaux fondateurs que l’histoire retient ont marqué l’histoire des deux cercles parisiens : l’avocat et mécène Ernest Archdeacon, l’aérostier brésilien Alberto Santos-Dumont, l’industriel de la chimie et du pétrole Henry Deutsch de la Meurthe, l’industriel et pilote Léon Serpollet – qui détient le brevet de conduite automobile n°1 -, le comte Henri de la Valette, l’aéronaute et explorateur Henry de la Vaux, et surtout le pionnier de l’industrie automobile Jules-Albert de Dion, qui est le premier président de l’Aéro-Club de France jusqu’en 1905. 

Le développement de l’Aéro-Club va aller de pair avec les avancées de l’aérostation – les ballons – et de l’aéronautique – les avions. Après un an d’existence, l’institution dépasse la centaine de membres. Le 9 janvier 1899, elle est officiellement reconnue par le préfet de police de Paris, Charles Blanc. Naturellement, son premier siège social est dans les locaux de l’Automobile Club de France, au 6 place de la Concorde dans le 8e arrondissement de la capitale. En 1901, alors que l’association compte 410 membres, elle organise un parc à ballons pour ses membres, avec des hangars, des machines de gonflement et des ateliers de réparation sur des terrains acquis dans les coteaux de Saint-Cloud. Le lieu permet de faire de la compétition et de proposer des baptêmes de l’air avec des ballons sphériques gonflés à l’hydrogène ou au gaz de ville. Une revue destinée aux membres fait son apparition sous le nom de L’Aérophile, qui deviendra ensuite Aérofrance. Des commissions sont montées pour soutenir les diverses activités de l’Aéro-Club : la documentation technique et sportive, les records, l’attribution des brevets de pilotes d’aérostats – et par la suite des pilotes d’avion -, les plus légers que l’air ou encore les plus lourds que l’air !

La partie compétitive installe avec succès l’existence de l’Aéro-Club de France dans la première décennie du XXe siècle. En 1901, la célèbre coupe Deutsch de la Meurthe est créée pour les aérostiers, avec le Grand Prix de l’Aéro-Club de France, doté de 100.000 Francs pour le premier « navigateur aérien » capable de partir de Saint-Cloud, de contourner la Tour Eiffel et de revenir à son point de départ en moins de trente minutes ! En 1906, la coupe Gordon Bennett, organisée par l’Aéro-Club de France, s’inscrit comme la première compétition aéronautique internationale, mais également automobile et aérostatique. En 1909, l’Aéro-Club de France compte 1.300 membres ! Cette même année, il est reconnu d’utilité publique par un décret présidentiel du 20 avril. « Plus haut, plus vite, plus loin » devient la devise de l’institution, devise qui sera adoptée par la Fédération Aéronautique Internationale (FAI) qui a vu le jour en 1905.

L’évolution technologique intéresse également les instances de l’Aéro-Club de France qui nomme des commissaires chargés d’homologuer les records ; c’est la première et unique institution qui lance cette pratique et qui récompense les exploits par des sommes d’argent et une médaille commémorative. En 1909, des règlements sont mis en place et les premiers brevets de pilote sont décernés : Louis Blériot reçoit ainsi le brevet n°1, Henri Farman est le n°5, Alberto Santos-Dumont est le n°12, précédant les américains Orville et Wilbur Wright, respectivement n°14 et n°15 – par superstition, il n’y a pas de brevet n°13 ! 17 brevets sont délivrés en 1909, plus de 200 l’année suivante.

Mais en 1914, l’entrée en guerre bouleverse l’activité de l’Aéro-Club de France. Les meetings sont annulés, les appareils réquisitionnés ou interdits de vol, les membres pilotes sont mobilisés. Beaucoup ne reviennent pas de la guerre et la Caisse de Secours créée en 1911 par l’Aéro-Club de France joue pleinement son rôle dans l’aide aux familles touchées par le conflit. L’organisation d’une aviation militaire qui s’apparente à une arme à part entière en 1918 et la création progressive d’une aviation civile et commerciale après 1919 sont des freins à la renaissance de l’Aéro-Club de France. L’institution n’est plus incontournable dans le paysage aéronautique français. L’attribution des brevets de pilote est d’ailleurs reprise par les autorités aéronautiques de l’État en 1921, autorités qui valident cependant les 18.688 brevets accordés par l’Aéro-Club de France depuis 1909 !

L’entre-deux guerres est un temps d’installation de l’Aéro-Club de France sur des projets aériens nationaux et internationaux : on évoque un tour de France aérien, des grands raids et des traversées océaniques. En 1921, le « Comité français de propagande aéronautique » est ainsi porté par l’Aéro-Club de France, afin de faire « pénétrer l’aviation dans la vie normale du pays ». Les épreuves sportives sont relancées, ainsi que le tourisme aérien, avec l’appui de grands industriels comme André Michelin. C’est une période où il est aussi de bon ton d’être membre de l’Aéro-Club de France si l’on est pilote et de participer au nombreux déjeuners, dîners et honneurs rendus aux pionniers et aux hommes politiques soutenant l’aérien. Entre 1898 et 1929, l’Aéro-Club de France occupe successivement plusieurs immeubles parisiens, avant de s’installer définitivement en 1931 dans un hôtel particulier au 6 de la rue Galilée dans le 16e arrondissement parisien. Dans ses nouveaux salons, le tout-Paris se presse et l’on rend les honneurs aux plus grands pionniers de l’aviation. En 1928, l’Aéro-Club de France, cercle parisien en avance sur son temps car déjà ouvert aux femmes pilotes depuis sa création, créé une section féminine dont la première présidente est Suzanne Deutsch de la Meurthe.

Avec le développement de la poste aérienne, l’Aéro-Club de France accompagne également les manifestations par l’émission de cartes aéropostales, comme lors des journées nationales de l’aviation de Vincennes (19-20 mai 1929 et 8-9 juin 1930). En novembre 1930, lors de la première exposition internationale de poste aérienne au pavillon de Marsan à Paris, l’Aéro-Club de France organise une liaison aérienne rapide Paris-Bruxelles-Paris dans la journée, en collaboration avec l’Aéro-Club de Belgique.

Le second conflit mondial est de nouveau une période de repli pour l’Aéro-Club de France qui refuse toute présence allemande dans ses locaux. Les activités aériennes sont interdites par l’occupant…sauf l’aéromodélisme ! L’institution devient un lieu d’accueil et de réconfort pour les blessés et les prisonniers. La Libération ouvre sur la reconstruction de l’aéronautique française, à laquelle l’Aéro-Club de France participe. Mais après 1945, l’ambition des hommes se tourne vers le cosmos. Une nouvelle fois, l’Aéro-Club de France soutient et accompagne les innovations technologiques par sa commission astronautique, déléguée par la FAI comme « juge unique mondial des records spatiaux ». Recentré sur la préservation et la valorisation du patrimoine, l’Aéro-Club de France conserve ses dernières décennies son image de pionnier historique de l’aviation, mais revendique, par les parcours professionnels de ses membres, une expertise dans le domaine technologique.

En 2018, sous la présidence de la double championne du monde de voltige aérienne Catherine Maunoury, première femme présidente de l’Aéro-Club de France depuis sa création, l’institution continue d’être garante de la transmission d’un patrimoine de liberté et de fraternité autour de l’aérien. Son action s’appuie sur quatorze commissions œuvrant notamment dans les domaines du patrimoine, de l’histoire, des arts et des lettres, de l’humanitaire, des meetings ou encore du handicap. Grâce à son rayonnement international, l’Aéro-Club de France collabore à l’homologation de records internationaux, soutient la formation des Cadets de l’air issus de dix-neuf pays et participe à de nombreux projets et initiatives innovantes dans le domaine aéronautique pour permettre – toujours – d’aller plus haut, plus vite et plus loin. Une entrée réussie… dans le XXIe siècle !

Le siège de l’Aéro-Club de France

L’Aéro-Club de France est aujourd’hui situé au 6 rue Galilée, à deux pas des Champs Élysées et de l’Arc de Triomphe. Avant de s’y installer, l’Aéro-Club de France était hébergé à sa création en 1898 à l’Automobile Club de France, place de la Concorde dans le 8e arrondissement de Paris. L’Aéro-Club de France déménage ensuite mais reste dans cet arrondissement, s’installant notamment au 48 rue du Colisée (1900-1902), au 84 rue du Faubourg Saint Honoré (1902-1908), au 63 avenue des Champs Élysées (1908-1909), puis au 35 rue François Ier (1910-1931). En 1931, l’Aéro-Club s’installe rue Galilée, dans le 16e arrondissement, dans un hôtel particulier.

Construit en 1880, l’immeuble appartenait à la famille Desfossés, dont le patriarche, Victor Desfossés, était banquier et patron de presse. Il est à l’origine de l’aménagement du grand salon – aujourd’hui salon Dorand – en théâtre à l’italienne, pour sa fille qui souhaitait devenir actrice. Mécène de Gustave Courbet, le tableau « Atelier du peintre » aurait servi de toile de fond pour le théâtre amateur installé dans l’hôtel. En 1929, le bâtiment est acheté pour héberger le secrétariat de l’association puis les différentes commissions, avant que l’Aéro-Club de France ne vienne définitivement s’y installer deux ans plus tard. Le lieu ne présente évidemment pas les mêmes caractéristiques aujourd’hui ; il a été successivement aménagé selon les souhaits des différents présidents et les projets d’embellissement. Les quelques photos anciennes de la façade montrent que le site présentait les caractéristiques traditionnelles d’un hôtel particulier construit à la fin du XIXe siècle, avec une façade développée dans le style des immeubles de style Haussmannien et un porche débouchant sur la cour d’honneur pavée encore conservée aujourd’hui. Ce n’est qu’au milieu du XXe siècle qu’est ajouté la grande terrasse, visible depuis la rue Galilée. Elle donne sur les salons Dassault et La Vaulx et une partie du salon Dorand.

En 2019, l’Aéro-Club de France dispose de bureaux dans cet hôtel particulier, y possède son secrétariat, le bureau de la présidence et la salle du Conseil d’administration qui est également le lieu de réunion des commissions. Ses salons, régulièrement occupés par des activités liées à l’Aéro-Club de France, sont confiés à Sodexo Prestige qui en assure la gestion.

Laurent Albaret, Secrétaire Général de l’Aéro-Club de France